Un investisseur peut prendre, en théorie, un risque sur une technologie
ou un marché mais jamais sur la qualité de l'équipe de démarrage. La première
question qu'il se pose avant d'investir est : Quel est le niveau d'implication
de l'équipe de management ? Si l'équipe de départ ne possède pas une part
significative du capital de la startup, l'investisseur en déduit que le
projet présente un risque supplémentaire car rien ne retiendra les salariés
clés dans l'entreprise. Le mécanisme le plus couramment employé pour fidéliser
une équipe et la faire participer au capital de l'entreprise est la mise
en place d'un plan de stock options. Les raisons de ce choix sont faciles
à comprendre :
- Les dirigeants et salariés possèdent un incentif lié à l'augmentation
de la valeur de l'entreprise. Pour simplifier, les stock-options ne
sont pas des cadeaux gratuits. Ils possèdent un prix d'achat (valeur
du stock au moment de leur obtention par le salarié) qui simplement
ne nécessite pas un paiement immédiat. C'est le "Board of Directors"
qui détermine le prix d'achat des stock options en fonction de la valorisation
estimée de l'entreprise à une date donnée. Si le prix de l'action augmente
entre le moment de l'achat et celui de la vente, le salarié réalise
un profit. C'est pour cela que ce plan est appelé aux U.S. "incentive
stock options" et reçoit un traitement de faveur de la part de l'IRS
(Internal Revenue Services, l'organisme de collecte de l'impôt aux Etats-Unis)
: Aucun n'impôt ne doit être acquitté jusqu'à la vente des stock-options.
En règle générale, plus vous arrivez tôt dans une entreprise, plus le
prix des stock-options est bas. Généralement, les stock-options sont
"vested" pendant une période de 3 à 4 ans ; c'est à dire que le salarié
n'obtient le droit de les acquérir (et donc de les vendre) qu'au fur
et à mesure du temps, pourvu qu'il reste employé de l'entreprise. Les
stock-options sont ainsi considérés comme des actions sans paiement
d'avance.
- Les dirigeants et employés restent dans l'entreprise quand ils ont
des stock-options. Comme en Europe, si le salarié américain quitte l'entreprise
avant que toutes ses stock-options ne soient "vested", il ne sera autorisé
à en exercer qu'une partie et il devra payer leur prix d'achat sous
peine de les perdre. Plus le salarié reçoit de stock-options, plus il
doit prévoir de liquidités en cas de départ ! Voilà une réelle motivation
pour inciter les salariés à rester dans l'entreprise ! Si le salarié
ne peut pas payer ses stock-options, il les perd automatiquement. Par
contre, quand la société est cotée en bourse (ou rachetée par une société
cotée sur un marché financier), le salarié peut plus facilement vendre
ses actions (les stock-options deviennent des actions le jour où elles
sont exercés) et ainsi payer le prix d'achat des stock-options. C'est
la différence entre prix d'achat et de vente qui correspond à son profit.
- Les salariés ne sont pas des actionnaires tant qu'ils n'ont pas exercé
leur stock-options. Les VCs n'aiment pas devoir négocier avec une startup
qui possède un trop grand nombre d'actionnaires de peur que ceux-ci
ne ralentissent le cycle de décision. Les salariés américains détenteurs
de stock options ne sont pas des actionnaires. Ils ne peuvent pas voter
ou prendre part aux réunions d'actionnaires. Les VCs sont convaincus
à juste titre que le succès d'une entreprise dépend en grande part de
la qualité et expérience des dirigeants et salariés. Le succès est donc
lié à la capacité de l'entreprise à les garder sur le long terme et
le plan de stock-options est un excellent outil pour atteindre ce but.
Les VCs américains sont donc prêts à abandonner jusqu'à 30 pour cent
du capital de l'entreprise sous forme de stock options pour recruter
les meilleurs candidats qui seront capables de diriger l'entreprise
dans laquelle ils auront investi. Le plan de stock-options les motivera
à rester dans l'entreprise pendant plusieurs années.
John Pomerance, Attorney at Law.
Si vous avez des questions, vous pouvez écrire à John
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